Je suis d'accord avec Torghest, t'en demandes peut-être un peu trop, Shaown... ^^' Alors je me suis calqué sur le même modèle.
Contes de TERREMER
Fiche technique :
Genre : Animation, Fantasy
Format : 1h55, Son Dolby Digital, VF
Produit par : Studio Ghibli
Réalisateur : Gorô Miyazaki (à ne pas confondre avec Hayao Miyazaki, son paternel ^^)
Acteur principaux: Doubleurs.
Première diffusion ou parution : Japon : 29 juillet 2006 ;France : 4 Avril 2007
Nombre de Saison ou de Film : 1 seul à priori.
Site officiel : http://www.ghibli.jp/ged/
Synopsis :
Terremer est un monde d'îles et d'océans, un univers de fantasy où connaître le Vrai Nom des choses et des êtres donne le pouvoir sur ceux-ci.
Depuis des siècles, Hommes et Dragons vivent séparés : les premiers choisirent la terre et l'eau comme domaine, tandis que les seconds, libres et indépendants, sont affiliés à l'air et au feu.
Cependant, les choses vont de mal en pis dans ces contrées de légende : les épidémies ravagent les royaumes, la magie semble s'évaporer et deux dragons sont surpris en train de s'entretuer au cours d'une violente tempête. L'Archimage Epervier est donc envoyer enquêter sur la source de tous ces maux étranges. En chemin, il croise la route d'un jeune homme sombre et torturé nommé Arren...
Avis :
Pour sa toute première expérience en tant que réalisateur, Gorô Miyazaki, le fils du génialissime Hayao Miyazaki, s'est attaqué à un gros morceau : en effet, "Les Contes de Terremer" est l'adaptation du troisième livre ("L'Ultime Rivage) du cycle qui porte le même nom, créé par Ursula K. Le Guin. Ce cycle d'heroic fantasy avait déjà fait l'objet d'une adaptation en téléfilm en 2004, diffusé l'année suivante sur M6.
Et la question que vous vous posez certainement doit ressembler à : "Et alors, il se démerde comment, le fiston du meilleur réalisateur d'animation de ces dernières années?"
Et bien pas si mal, figurez-vous : ayant profité du savoir-faire mondialement reconnu du Studio Ghibli (même si Miyazaki-père a longtemps boudé son fils lors de la production de ce film), lui permettant de ce fait de se concentrer entièrement sur son boulot, Gorô nous livre là un premier film ambitieux, doté d'un sens de la mise en scène certain (la scène d'ouverture est à elle seule d'une rare audace et d'une beauté à rendre le spectateur enthousiaste) et même d'une sacré maîtrise de la psychologie de ses personnages.
Le plus surprenant est sans conteste le ton adopté par le fiston pour son premier essai : Terremer version Ghibli est en effet l'un des films les plus sombres du Studio. Là où même "Le Tombeau des Lucioles" de Takahata nous livrait quelques moment où l'on se surprenait à sourire, ici le ton est très sérieux, parfaitement adapté à un monde crépusculaire qui voit peut-être sa fin venir (il est même fait allusion à la drogue et au viol, chose impensable pour l'ordinaire de Ghibli).
Ne vous attendez donc pas à de la détente façon "Totoro" ou "Porco Rosso", à "Terremer", on déprime, et pas à moitié. Là-dessus, Gorô se démarque réellement de son paternel en offrant une vision plus pessimiste et plus "brutale" de ce qu'il représente. Ce qui est en soi un excellent point : qu'on se le dise, Gorô n'est pas un clone d'Hayao, et en cela c'est tant mieux.
D'un point de vue technique, même si le style désormais ordinaire du Studio n'a plus rien d'original, la magie opère une fois encore, et une fois encore on se prend à croire à la réalité de cet univers, tant la réussite graphique et technique de cette cuvée 2006 est incontestable : animation irréprochable, 3D intégrée à la perfection, univers incroyablement vivant et animé jusque dans ses plus petits détails, sans parler des décors qui n'ont rien à envier à n'importe quel film 3D... Bref, Ghibli nous a habitué à l'excellence en matière d'animation 2D, et on se prend encore une belle claque en pleine gueule du début à la fin. Et on ne s'en lassera sans doute jamais.
Mais bien entendu, même bon, il s'agit d'un premier film, et ce dernier n'est donc pas exempt de quelques défauts. D'ailleurs, beaucoup de défauts de ce film viennent en fait de l'oeuvre dont il est issu :
le Cycle de Terremer, à l'origine, est de lui-même extrêmement manichéen, et cette vision bipolaire est présente tout le long du film. C'est un peu dommage lorsqu'on compare Terremer à des merveilles de finesse comme "Princesse Mononoké" ou encore "Chihiro", mais le souci de coller à l'univers de l'auteur est respecté, et la psychologie des personnages est suffisament recherchée pour gommer quelque peu cette vision blanc/noir au premier abord décevant.
N'espérez pas non plus un fim à l'action trépidante : "Terremer", c'est un film qui prend son temps, et même parfois un peu trop. Le milieu du film n'est qu'une longue pose, et même si l'on a du mal à s'ennuyer (l'obsession du "zero plan inutile" est une marque de fabrique de Ghibli), on se surprend à attendre la scène suivante avec une certaine impatience, tandis que les pauses d'un Mononoke faisaient presque peine à quitter.
Le dernier défaut majeur de ce film est enfin son aspect parfois assez "fleur bleue". D'accord, le Cycle est également très porté sur les beaux sentiments, mais certains effets sont néanmoins vraiment trop appuyés, limite surjoués. On a presque envie de sortir son violon, mais fort heureusement ces scènes sont très courtes.
Conclusion :
Premier essai, et essai transformé pour Gorô Miyazaki, qui parvient à se démarquer de son illustre pôpa et à imposer son propre style malgré un sujet de base assez casse-gueule. Les critiques japonaises n'ont pas été tendres avec ce film, qualifié par certain de "Pire film de l'année" au Pays du Soleil Levant... Mais comme dit le proverbe : "Ce n'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir tort qu'ils ont forcément raison", et les critiques nippones ne sont pas réputées pour leur équité.
Ainsi, sur ce coup-là, elles se plantent royalement : "Les Contes de Terremer" est un vrai bon film. Certes pétri de défauts de jeunesse, mais démontrant la maîtrise et le vrai potentiel narratif de Gorô et l'assurance que la relève au sein du Studio Ghibli est définitivement assurée, après un "Royaume des Chats" (également un premier film) des plus désaltérants.
Pour ma part, si Gorô pond un deuxième film, je serai le premier à vouloir constater ses progrès. Le cinéma doit être un don de famille...
Résumé - Qualités :
- Techniquement irréprochable ;
- Plastiquement très réussi ;
- Psychologiquement très abouti (chose rare pour un premier film) ;
- Ambiance envoutante ;
- Le Studio Ghibli ratera-t-il un jour un film???
Résumé - Défauts :
- Manichéen (défaut compensé par de VRAIS méchants comme on les aime, c'est-à-dire avec des motivations logiques) ;
- Rythme lent (il faut aimer prendre son temps) ;
- Assez "Fleur Bleue" dans ses abordages sentimentaux ;
- Finalement très classique dans son histoire et son déroulement.
A vous de voir... ^^