SPEED RACER
Fiche technique :
Genre : Course
Format : 2h05, Son Dolby Digital, VF
Produit par : Warner Bros. ; Joel Silver
Réalisateur : Andy et Larry Wachowski
Acteur principaux:
Emile Hirsch
Christina Ricci
John Goodman
Susan Sarandon
Scott Porter
Matthew Fox
Première diffusion ou parution : 18 juin 2008 en France
Nombre de Saison ou de Film : 1
Site officiel : -
Synopsis :
Dans une uchronie qui pourrait être le futur tel qu'il était vu dans les années 60, Speed Racer (si si, c'est son nom) vit, pense, respire pour la course automobile. Une version XXL et complètement allumée des courses de GT, où notre jeune premier excelle, et c'est peu dire. Cependant, après la mort tragique de son grand frère Rex au cours d'un rallye particulièrement dangereux, Speed va finir par découvrir que le monde de la course qu'il adule tant est loin, très loin de l'idée qu'il s'en faisait.
Il lui appartient désormais, à lui ainsi qu'au mystérieux Racer X, de tirer dans les pattes d'un système corrompu qui écrase sans vergogne les petites écuries indépendantes sur l'autel du Dieu-Business...
Avis :
Commençons par décrire précisément le modèle avant de nous attaquer à cette adaptation : "Speed Racer", de son vrai nom "Mash Go Go Go", est à l'origine un manga de Tatsuo Yoshida publié en 1966, narrant les tribulations de son héros dans une suite de courses automobiles à fort potentiel kitsch. Nous sommes au beau milieu des années soixante, et bien que ce manga deviendra par la force des choses une véritable série-culte au Japon et aux USA, elle contient à en déborder tous les poncifs des séries de l'époque : le héros propre sur lui, les intrigues tenant sur des tiquets de métro, les méchants TREEEEES méchants, jamais un mort et des bons sentiments dégoulinants à longueur d'épisode.
De là, se dit-on, le concept peut être séduisant, si on l'adapte à notre vision "moderne" de ce type de course. Auquel cas nous aurions pu avoir un film sombre et dépressif, dans la même lignée que "Running Man" et "Rollerball", Fignolé aux petits oignons et servis sur un plateau d'effets spéciaux derniers cris.
Sauf que les instigateurs de ce curieux projet ne sont rien d'autres que les déjà légendaires frères Wachowski. Vous savez, le duo de tarés, toujours entichés du producteur Joel Silver, qui nous déjà pondu la non moins mémorable trilogie Matrix. Et nos deux trublions, comme à leur habitude, ont eu une idée complètement dingue, le genre à faire suicider une quinzaine d'investisseurs dès la première projection : ils ont adapté la chose, certes, mais sans même y toucher, même d'un iota. Ils ont TOUT gardé.
Oui, vous avez bien lu. TOUT!!! Le kitsch, le scénar pourri, les méchants très méchants, le héros au brushing impeccable, le design à faire pleurer un Chien de Tindalos, les couleur ultra-flashy... TOUT, j'vous dis!!!
Le plus invraissemblable, c'est encore une fois leur producteur, l'innénarrable Joel Silver, qui a du avoir avec eu une conversation du style : "Ah, vous voulez réaliser une adaptation de manga? Et c'est lequel? Hummm... Bon, voici 100 Millions de dollars, les clés du studios, je reviens dans 3 ans."
On en aimerait plus souvent, des producteurs comme ça, tiens.
Et vous connaissez le PIRE??? Et bien ça marche!!! Si si, j'vous jure!!! Aussi invraissemblable que cela puisse paraître, la sauce prend admirablement bien. Et c'est une sacré mayonnaise : utilisant le même procédé que Sin city et 300, dont il pousse le concept jusqu'à son paroxysme, les instigateurs du "Bullet Time" utilisent un concept qui, à défaut d'être une première, surprend carrément dans un film de cette ampleur. La 2D et demie. Aussi appelée "3D Parallaxe" pour les gamers des années 90, ce concept largement utilisé en dessin animé simule la 3D en superposant plusieurs décors plats et en les bougeant les uns par rapport aux autres. On pourrait se dire de prime abors qu'ils manquaient de budget, mais la quantité et la qualité proprement hallucinante des effets spéciaux du film (made in ILM, quand même) nous perçuade bien rapidement du contraire.
Toute cette machinerie sert une ambiance générale outrageusement et volontairement kitschissime, jusque dans les moindres petits détails.
Les frangins Wachowski s'éclatent comme des gosses à reproduire leur univers Majorettes, et c'est justement là tout leur génie : alors que tous les éléments du super-nanar semblent bel et bien réunis, c'est le contraire qui se produit, et on joue le jeu.
On joue le jeu d'une intrigue prévisible jusque dans ses plus petits détails, on joue le jeu de ses personnages miéleux et de leur morale qui l'est tout autant, preuves cinématographiques d'une époque révolue où les héros n'utilisaient jamais de flingue et ne tuaient pas. On joue le jeu de ce visuel usant et abusant de couleurs criardes et primaires.
CAR TOUT EST FAIT EXPRES.
Et finalement, comme les gosses que les réalisateurs étaient lorsqu'ils ont découvert cette série, on piaffe comme des mômes devant la virutosité de la mise en scène, qui nous entraîne à 800 km/heure dans un tourbillon de scènes de "Car-Fu" à couper le souffle, on fustige les vilains pas beaux qui mettent des batons dans les roues de nos héros, on se poile devant le second degré et les tonnes d'auto-dérision, et finalement, on passe un excellent moment (2 heures, quand même) devant cette ôde pleine de tendresse à la nostalgie des série de notre enfance totalement décomplexée, positivement régressive et hautement jubilatoire.
Conclusion :
Un peu boudé aux USA (dont le public, c'est bien connu, ne possède en général aucune notion de second degré), ce film pop-corn et totalement assumé comme tel n'a jamais prétendu faire sa place dans l'histoire, mais simplement à nous offir deux heures de retour en enfance diablement bien fichu, emballé comme un joli paquet-cadeau et directement adressé à la génération qui, le goûté ramené précipitament sur la table du salon, n'attendait que l'heure d'Albator et de Goldorak, à une époque où les dessins animés ont marqué tout un univers visuel au fer rouge.
Ca fait mal aux yeux quand on sort de la salle, mais ça valait le coup!
Résumé - Qualités :
- Visuellement très audacieux (une habitude chez les frères Wachowski)
- Positivement régressif ;
- Mise en scène et rythme parfaitement maîtrisé ;
- Scènes et concept de course purement jubilatoire ;
- Histoire volontairement cliché et archétypale, mais avec la complicité totale du spectateur.
Résumé - Défauts :
- Fais un peu mal aux yeux à la fin de la scéance (le kitsch, on n'a plus l'habitude) ;
- Certains prendront sans doute l'accumulation de clichés pour de la lourdeur ;
- Expressément déconseillé aux hermétiques de l'âge "Club" Dorothée" ou aux beaufs (de toute façon ils ne comprendraient pas).