Ca faisait longtemps que je voulais la faire, cette fiche-là. ^^ Je me lance donc entre deux latexages.
BERSERKFiche technique: - Citation :
- Genre : Dark Fantasy
Format : Manga papier
Produit par : "Young Animal", magasine japonais
Auteur : Kentaro Miura
Première diffusion ou parution : 1989 (toujours en cours)
Nombre de Saison ou de Film : 33 tomes parus au Japon, 27 en France.
Résumé:Le pays de Midland est une contrée ravagée, tant par les guerres que par les épidémies, les attaques de brigands sans foi ni lois et les ignominies les plus diverses.
Au milieu de ce chaos, provoqué par une Eclipse qui semble avoir fait perdre la raison au monde, se dresse un homme.
Le Guerrier Noir.
Son nom : Guts.
Trimballant accoché à son dos une "épée" plus grande que lui, en fait un énorme bloc d'acier brut qu'il manie avec une adresse foudroyante, Guts s'est lancé dans une vendetta terrible, une vengeance enragée qui le pousse à poursuivre un dénommé Griffith, ainsi que des êtres terrifiants nommés Apôtres.
Qui sont donc ces Apôtres, liés à ces médaillons organiques que l'on nomme Béhélit?
Qui sont donc les membres de cette fameuse Main de Dieu, entité qui semble diriger les actes du monde par des ficelles invisibles?
Et surtout : qu'a bien pu faire Griffith pour pousser un épéiste solitaire tel que Guts dans cette croisade aux forces totalement inégales, la rage au coeur et une implacable haine pour unique moteur?
Avis :Vous trouvez que le résumé en dit beaucoup? Il s'agit pourtant d'un vague compte-rendu du premier tome de cette immense fresque épique qui se nomme Berserk.
Beaucoup de choses sont dites dès le départ, mais bien vite, on replonge quelques années en arrière, pour suivre toute la vie de ce guerrier noir aux intentions hautement belliqueuses. Un destin forgé dans le sang, qui ne cessera de couler d'un tome à l'autre.
Car Berserk, c'est d'abord l'oeuvre de Fantasy la plus sombre, la plus crue et la plus brutale jamais écrite de main d'homme. Chaque volume ou presque nous dépeint hommes ou monstres aux prises avec ce que l'humanité peut concevoir de pire : massacres, tortures, viols, tripaille par hectolitres, le tout montré avec force détails... C'est sûr, Berserk, ce n'est pas pour les fillettes (c'est d'ailleurs interdit aux moins de 18 ans en France). La violence y est omniprésente. Tout l'univers de Berserk est d'une rare violence, souvent physique, parfois psychologique (et souvent particulièrement insupportable dans ce cas précis), mieux vaut avoir le coeur bien accroché avant de s'engouffrer dans les pas du Guerrier Noir, dont le chemin n'est que souffrances et combats livrés souvent à demi mort, l'épée à la main...
Mais n'allez pas croire que Berserk n'est qu'une suite sans queue ni tête de barbaries et d'atrocités. Et c'est justement tout le génie de cette oeuvre devenue majeure pour la Fantasy en général : AUCUNE planche n'est gratuite, aucune tête ne vole pour rien. Si même le plus insupportable est montré (la scène de l'Eclipse, élément central du récit, reste dans les mémoires bien après sa première lecture), c'est bien pour nous montrer des éléments précis de l'histoire, de poser un personnage ou encore signaler la présence d'un Apôtre.
Car oui, il y a bien un scénario dans ce manga à priori barbare. Et le second tour de force de Berserk, c'est justement son histoire.
Enorme, cohérente, brassant dans un énorme ouragan d'émotion les sentiments les plus divers, emportant ses personnages jusqu'aux plus profonds abîmes avant de les porter plus hauts encore, c'est finalement l'Histoire de l'Homme qui nous est montré sans fard, dans le pire, comme dans le meilleur.
De ce fait, la vengeance de Guts, qui après une dizaine de tomes est non seulement amplement justifiée mais également partagée par le lecteur, se mue irrémédiablement en une croisade épique et désespérée face à un monde où tous semblent voir leur chemin déjà tracé.
Que ce soit par la religion, par la marque des sacrifiés ou par les Béhélit et la Main de Dieu, tout le monde de Berserk ne ressemble qu'à un immense jeu de marionnettes dont un petit groupe de dégénérés tire les ficelles.
Et au milieu de tout ce désespoir, la lumière vient paradoxalement d'un guerrier vêtu de noir, incarnation du pire des démons lorsqu'il manie sa Dragonslayer avec un sourire carnassier, dont seule l'immense soif de vivre et sa colossale haine contre Griffith le poussa un jour à couper ses fils.
Bref, Berserk, c'est essentiellement l'histoire d'un homme qui a, un jour, pris le destin par les parties et a serré très fort. Le manga tout entier est pour ainsi dire une leçon d'humanité, Guts figurant finalement la volonté de suivre sa propre route face à la bêtise et le déterminisme de son époque.
Et oui, il y a de la morale, l'air de rien, dans ces pages où l'on massacre à doses massives. Et c'est justement pour ça que le message passe si bien! ^^
Techniquement, si les trois premiers volumes, bien que plutôt jolis, montrent encore des faiblesses au niveau des perspectives et de certains plans pas très heureux, la chose s'améliore considérablement (et très vite) au fil des pages, pour donner d'authentiques sommets dès le 6è volume. Miura s'est énormément documenté sur les XIVè et XVè siècles européens (la Guerre de Cent Ans, surtout), et ça se voit : détail des armures, d'un réalisme jamais atteint en Fantasy japonaise, armes et combats poussés au niveau de leur crédibilité, ambiance réellement "médiévale" bien venue... Certains plans, montrant jusqu'à plusieurs centaines d'hommes en armure et à cheval, forcent carrément le respect!
Du grand art, donc, à 3 000 Lieues de la Fantasy délirante et totalement fumée à laquelle les japonais nous avaient habitué.
Le père Miura ne fait que du Berserk depuis bientôt 20 ans. Nous en sommes au 31è volume japonais. Et on lui souhaite d'achever dignement ce qui est devenu une oeuvre majeure de la Fantasy, aux côtés (et je n'ai aucune honte à dire cela), du Seigneur des Anneaux ou de Conan le Barbare.
On nous annonce 50 tomes exactement... De belles pages prenantes en perspective! ^^